Garde-le, Mon Dieu, secret!

Cassis_panoramaPour écrire des tragédies, il faut d’abord les vivre”, écrivait Bertrand Russell dans „La conquête du bonheur”. C’est également valable pour les fééries: il faut les vivre. C’est le cas de Cassis, un vieux village de pêcheurs sur la côte sud de la France… une féerie. Je „vis” cet endroit depuis plusieurs années, et je l’ai gardé secret, malgré ma généreuse envie de partager avec vous les endroits magnifiques où mes pas m’ont portée. C’est comme si j’avais voulu le garder pour moi, en une sorte d’illusion utopique qu’un endroit situé sur la carte puisse nous appartenir de manière exclusive. Cassis_(quay)                                   Cassis semble a une peinture par Paul Signac

Je l’ai découvert il y a quelques années, lorsque, en vacances avec mes amies, nous avions suivi les traces de Van Gogh à travers Arles et arpenté les sentiers de la Provence, ses champs de lavande, ses vignobles, entre les visites chez Nostradamus et les ballades sur le pont du Gard près d’Avignon ou du côté du Château des Papes.
Depuis, je retourne toujours à Cassis, même si c’est tellement petit qu’on peut en faire le tour en un jour, mais la dépendance psychosomatique de ce petit village „géré” d’en haut, d’un château transformé en hôtel avec cinq chambres, ne s’estompe jamais.

La civilisation moderne n’a pas encore pénétré ici, les maisons sont toutes du style provençal, avec un maximum de deux à trois étages, „décorées” de couleurs pastel à la chaux, ou du lilasdes volets. Le port est rempli des bateaux simples des pêcheurs et très rarement, on aperçoit un yacht de millionnaire raffiné cherchant la simplicité d’un lieu où Chanel, Vuitton, Gucci ou Brioni n’ont pas pignon sur rue… J’aime Cassis parce qu’il n’est pas encore découvert, conquis, „pollué” par les Russes, les Asiatiques, le mauvais goût, l’ostentation, les superficielles paillettes…

La terrasse de Villa La Méduse
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Et j’aime l’endroit paradisiaque qui nous héberge à chaque fois, la Villa La Méduse, qui n’a que cinq chambres, avec une terrasse regorgeant d’oléandres magnifiquement élancés et qui, suspendue au-dessus du port, offre unpanorama presque irréel. Les fois où je n’ai pu trouver une chambre, c’est parce que la villa était intégralement louée soit par Naomi Campbell, soit par Adriana Karembeu, soit par quelque ex-Premier ministre de la France. Croissants et fruits sur la terrasse, c’est le début d’une journée qui peut culminer par une apothéose de moules „à la provençale” chez Nino ou quelque autre créature de la mer fraichement arrachée à l’océan dans le restaurant « A la table ».

Chambre d’hôtes „La Méduse” Cassis       terasa la meduse

Le célèbre rosé de Cassis sera toujours servi dans des grandes carafes transparentes, pleines de glace, et quelque part sur un ponton aménagé sur le port il y aura quelque  festival de jazz ou soirée littéraire. Les célèbres calanques, formations de pierres, d’anciennes cavernes lesquelles, en raison de l’érosion de l’eau ont pris différentes formes et donné naissance à des petites criques tout autour, offrent un magnifique paysage qui nous plonge dans le passé, du pont des yachts ou bateaux d’agrément qui organisent des balades de deux ou trois heures, tout au long de la journée.

La plus belle vue de Cassis

IMG_1135 (2)Un paysage qui n’est pas sans rappeler les fjords norvégiens. Des carrières de pierre de Cassis sont issus le piédestal de la Statue de la Liberté de New York et des quais de ports célèbres tels que Le Pirée, Port-Saïd, Marseille ou Alexandrie.

Le restaurant Nino

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L’histoire raconte que l’occupation de cet endroit, encore secret pour beaucoup de monde – puisse-t-il le rester ! – remonte au Paléolithique (environ 27 000 ans av. J-C.), et certains artefacts trouvés ici, comme des pièces de monnaie et des objets en argile, semblent indiquer qu’il aurait été habité par les Grecs.
Mais les premières datations historiques remontent à l’époque romaine, qui ont consigné le „Port Carcisis” comme étant sur le chemin emprunté par l’empereur Antonin le Pieux.
Au XVème siècle, René d’Anjou a cédé Cassis à l’archevêque de Marseille, qui a conservé sa tutelle jusqu’à la Révolution de 1789.
L’atmosphère des marchés provençaux du mercredi et du vendredi, lorsque les agriculteurs et les artisans locaux vendent des fromages, de l’huile d’olive, des fruits, du savon à la lavande ou de l’ambre, des robes blanches ou des sacs de lavande brodés à la main, est une véritable explosion visuelle et olfactive.
Je retourne à Cassis pour la quatrième fois cet été. Parfois, je prends l’avion jusqu’à Nice et puis je parcours les quelques 200 kilomètres en voiture de location, d’autres fois je m’envole jusqu’à Marseille via Paris puis je complète le trajet en taxi. Je retrouve ici une paix et une tranquillité indescriptibles, parce que la saveur des jours et des nuits dans ce petit port ne peut être ni décrite ni écrite… mais seulement vécue !

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